Le sud de la Péninsule Ibérique (très précisément, la municipalité d'Aguilar de la Frontera, au sud-est de Cordoue en Andalousie) abrite une collection ex situ d’environ 600 Arganiers, plantés en 2013 par semis et repiqué en 2015.
21 Arganiers ont été sélectionnés, pour évaluer la diversité morphologique et génétique de cette collection ex-situ âgée de 10 ans et promouvoir la culture de l’Arganier dans les régions les plus propices à son introduction future dans le bassin méditerranéen, dans un contexte de changement climatique.
Six caractères morphologiques et quatre caractères fruitiers permettent d’appréhender la diversité phénotypique des individus, regroupés en trois morphotypes à l’aide d’un dendrogramme obtenu en appliquant l'indice de similarité de Jaccard. Une Analyse des Correspondances Multiples est utilisée pour reconnaître les caractères associés à chaque morphotype.
La diversité génétique, qui permet l'évolution des espèces et donc leur adaptation, est mise en évidence à l’aide de six marqueurs microsatellites, classiquement utilisés pour les études génétiques de la structure des populations.
La méthode du maximum d'entropie, dite "MaxEnt", modélise la distribution spatiale potentielle de l’Arganier dans le bassin méditerranéen. Elle combine 96 points où l’espèce a été observée (données d’occurrence) et cinq variables climatiques pertinentes, tirées de la bibliographie, fournies par la base de données Worldclim.
Les résultats confirment le degré élevé de polymorphisme de l'Arganier aux niveaux génétique et morphologique, justifié non seulement par l'hétérogénéité de l'habitat, mais aussi probablement par le développement d'une stratégie cénotique de diversité en « i » (Blandin et al.1976) qui caractérise des populations capables de produire rapidement des individus génétiquement nouveaux.
Trois morphotypes différents ont été identifiés avec des caractères distinctifs en termes de port, de ramification, de taille, de forme et de couleur des feuilles et des fruits. Le morphotype I - arbres bien développés, à ramification dressée-épaisse, à feuilles fasciculées, de forme buxoïde ou oléoïde, de couleur vert clair, à fructification abondante et à fruit piriforme ou fusiforme jaune - pourrait être probablement très proche de l'idéotype souhaité par tout agriculteur.
De façon inattendue, la diversité génétique de cette collection ibérique est très représentative de la diversité de la population de l’Arganier dans son aire de répartition naturelle, car la distribution allélique est très efficace et le niveau d'hétérozygotie très proche de celui attendu.
Les scénarios du GIEC pour 2050 et 2080 indiquent que l’aire de distribution naturelle actuelle de l'Arganier sera considérablement réduite et se déplacera sur la rive nord du bassin méditerranéen (Péninsule Ibérique, Italie, Balkans et îles Tyrrhéniennes).
Réf. : Labarca‑Rojas Y., Hernández‑Bermejo JE. &· Francisca Herrera‑Molina F. et al. 2022 - Assessing argan tree (Argania spinosa (L.) skeels) ex‑situ collections as a complementary tool to in‑situ conservation and crop introduction in the Mediterranean basin. Trees. https://doi.org/10.1007/s00468-022-02367-0.
Posté par Jean-Paul Peltier.
Le massif Derraman, ensemble de reliefs granitiques d’environ 500 m d’altitude, est situé au NW d’Aousserd, S du Sahara atlantique. Le massif, riche de 104 espèces connues à ce jour, se singularise par la présence de nombreuses irradiations tropicales (Abutilon fruticosum, Boerhavia repens subsp. viscosa, Boscia senegalensis, Combretum aculeatum, Geigeria alata, Gisekia pharnaceoides, Grewia tenax, Hibiscus micranthus, etc.) qui témoignent d’échanges entre le monde méditerranéen et le monde tropical qui restent encore à décrypter.
La prospection de la région, après une saison de pluies favorables, doit continuer : elle permettra de faire d’autres découvertes et d’améliorer les connaissances biogéographiques de la région.
Réf. Garcin A., 2022- Nouveautés floristiques pour le Sahara atlantique, espèces afro-tropicales. Al Yasmina. https://alyasmina.org/alyasmina-2022/obs-sa.html
Posté par Jean-Paul Peltier.
Centaurea achilleifolia appartient à la section Melanoloma des Centaurea, où il se rapproche de Centaurea atlantis. Il possède, comme cette dernière, des bractées palmées et des akènes à pappus. Il en diffère par ses feuilles spectaculaires bipennatiséquées, qui rappellent certaines espèces d’Achillea et la petite taille de ses akènes.
Centaurea achilleifolia a été récolté dans le Moyen Atlas Oriental, sur le jbel Bou Naceur à 2750 m d’altitude.
Réf. Homrani Bakali A. & Susanna A., 2022 - Centaurea achilleifolia (Asteraceae), a new endemic species from the Oriental Middle Atlas of Morocco. Phytotaxa 542 (1): 083–089.
Posté par Jean-Paul Peltier.
Le génome chloroplastique d'Argania spinosa a été séquencé, assemblé et analysé, puis comparé avec celui de deux Sapotaceae, Sideroxylon wightianum et Pouteria campechiana.
Le génome chloroplastique de l’Arganier se présente comme une molécule d’ADN circulaire de 158 848 paires de nucléotides (paire de bases, pb) avec une teneur moyenne en guanine-cytosine de 36,8 %. Il présente une structure quadripartite typique constituée de deux régions de séquences répétées inversées (Inverted Repeat sequance, IR) de 25 945 pb de longueur, une petite région simple copie (Small Single Copy region, SSC) de 18 591 pb et une grande région simple copie (Large Single Copy region, LSC) de 88 367 pb.
Le génome chloroplastique d’Argania spinosa code pour 130 gènes, dont 85 gènes codant pour des protéines (Coding DNA Sequence, CDS), 8 gènes pour l'ARN ribosomal (ARNr) et 37 gènes pour l’ARN de transfert (ARNt).
Des analyses phylogénétiques utilisant la méthode du maximum de vraisemblance (Maximum Likelihood method, ML) ont été réalisées à l’aide de 69 gènes codant pour des protéines de 11 espèces d'Ericales. Les résultats confirment plusieurs études antérieures (Smedmark et Anderberg 2007 - Stride, Nylinder et Swenson 2014) et montrent incontestablement la proximité du genre Argania avec le genre Sideroxylon. De ce fait, le genre Argania devrait être subsumé dans Sideroxylon, et l’Arganier désormais connu sous le nom de Sideroxylon spinosum
Réf. Khayi S., Gaboun F., Pirro S. et al., 2020 - Complete Chloroplast Genome of Argania spinosa: Structural Organization and Phylogenetic Relationships in Sapotaceae. Plants 2020, 9, 1354; doi:10.3390/plants9101354
Posté par Jean-Paul Peltier.
L’analyse de la répartition des 38 haplotypes de Bituminaria bituminosa (définis à partir de deux marqueurs de plastes) présents dans le bassin méditerranéen, montre que le nord-ouest de l’Afrique possède des niveaux remarquablement élevés de diversité génétique (19 haplotypes, dont 16 particuliers à cette zone).
Ce serait depuis cette zone - l’Afrique du Nord - qu’aurait débuté à partir du Pléistocène moyen (-1.5 MA) l’expansion de Bituminaria bituminosa, aboutissant à une distribution circum-méditerranéenne de l’espèce et la colonisation des îles volcaniques de l’océan atlantique.
Surprise, les populations de Bituminaria bituminosa de l'Anti-Atlas ne forment pas un groupe à part, mais proviennent d’une hybridation entre deux lignées canariennes ! Les analyses démographiques suggèrent que les populations de l'Anti-Atlas seraient le résultat d'une rétro-colonisation des îles les plus orientales (Fuerteventura et Lanzarote alors réunies en une seule masse terrestre, connue sous le nom de Mahan), vers les côtes africaines qui se serait passée avant le dernier maximum glaciaire (dernière glaciation qui caractérise la fin du Pléistocène).
Ainsi, Bituminaria bituminosa pourrait avoir, comme Draceana draco subsp. ajgal, une origine récente, à partir de populations des îles Canaries.
Réf. García-Verdugo C., Mairal M., Tamaki I. & Msanda F., 2021 - Phylogeography at the crossroad: Pleistocene range expansion throughout the Mediterranean and back-colonization from the Canary Islands in the legume Bituminaria bituminosa. J. Biogeography, 48 (7) : 1-13.
Posté par Jean-Paul Peltier.
Dernière modification le dimanche 30 mars 2025 à 18h01.