L’observation des métaphases de l’apex radiculaire de graines germées, prélevées sur cinq génotypes d'arbres sélectionnés sur divers aspects morphologiques, a permis d’établir que chez l’Arganier le nombre de chromosomes est variable, 20, 22 et 24 chromosomes ayant été dénombrés. Seule la numération 22 est nouvelle, les deux autres confirment la publication de Miège (1954) et celle d’Humphries et al. (1978).
Il a aussi été démontré à l’aide d’une technique d’analyse cellulaire - la cytométrie en flux - que chez l’Arganier le niveau de ploidie, qui fait référence au nombre de copies de chromosomes que la cellule contient dans son noyau, est stable (2n = 2x).
La grande diversité morphologique de l’Arganier pourrait expliquer cette variabilité chromosomique. Cependant, d'autres études sont nécessaires (comptage des chromosomes des cellules somatiques des bourgeons, par exemple) pour expliquer la variation du nombre de chromosomes et contribuer à l’étude des caractéristiques phénotypiques et génotypiques de l’Arganier.
Réf. : El Boukhari A., Tabi S., El Mousadik Aet al. 2023 - Flow cytometry and chromosome numbers variation in argan tree Argania spinosa (L.) Skeels. Notulae Scientia Biologicae. Volume 15, Issue 1, Article number 11451 - DOI:10.15835/nsb15111451Posté par Jean-Paul Peltier.
L’étude cherche à prédire la distribution de l’arganier dans le bassin méditerranéen. Pour y répondre, la méthode de modélisation du maximum d'entropie MaxEnt est utilisée. Rappelons qu’elle prend en compte les points où l’espèce est observée (données d’occurrence) et les caractéristiques climatiques et environnementales des points où l’espèce est présente.
27 points d’occurrence ont été sélectionnés au Maroc à l’aide du système mondial d'information sur la biodiversité (SMIB), réseau en libre accès qui collecte les données d'occurrence des espèces dans le monde. Pour rendre l'analyse plus robuste, 42 données d’occurrence, tirées de la bibliographie et distribuées en Espagne (provinces de Murcie et d'Alicante) et en Algérie (provinces de Mostaganem et Mascara), ont été ajoutés, l’arganier ayant été introduit et naturalisé, mais jamais cultivé, dans ces pays. Au total, la liste d’occurrence rassemble 53 points d’observation de présence de l’arganier.
L’étude de type écogéographique fait appel à un grand nombre de variables climatiques et environnementales. Les données climatiques sont fournies par la base de données Worldclim, les trois variables topographiques (les pentes, l'ombrage et l'exposition) ont été calculées à l’aide d’un modèle numérique d'élévation (SRTM), l’aridité a été approchée par un indice d'aridité globale et l'évapotranspiration potentielle, la mesure du taux de couverture végétale a été estimée à l’aide de l’indice de végétation par différence normalisée ( NDVI ), les températures de surface des mois d’ avril et de juillet ont été extraites de la base de données satellitaires MODIS Land et enfin, les données de vitesse et de direction du vent proviennent du « package open air » outil open source pour l’analyse des données sur la pollution de l’air.
Les résultats confirment ce que l’on sait de l’autoécologie de l’arganier : c’est une espèce thermophile et xérophile, soumis à une forte influence océanique qui a la capacité de peupler des milieux différents.
Pour la Maroc, l’aire potentielle de l’arganier prédite par MaxEnt est très comparable à celle proposée par Moukrim et al. en 2018 (référence qui ne figure pas en bibliographie).
Les résultats suggèrent que dans le bassin méditerranéen et en dehors de son aire de répartition naturelle, le sud-est de la péninsule ibérique est potentiellement le plus favorable à la culture de l’arganier, ce qui représente, selon les auteurs, une opportunité pour améliorer la diversité génétique et la conservation de cet arbre.
Réf. : Labarca-Rojas, Y., Hernández-Bermejo, J.E., Quero, J.L. et al. Bioclimatic habitat limitations for argan trees (Argania spinosa. (L.) Skeels) in Northern Africa and Spain. Reg Environ Change 22, 14 (2022). https://doi.org/10.1007/s10113-021-01869-w
Posté par Jean-Paul Peltier.
Le sud de la Péninsule Ibérique (très précisément, la municipalité d'Aguilar de la Frontera, au sud-est de Cordoue en Andalousie) abrite une collection ex situ d’environ 600 Arganiers, plantés en 2013 par semis et repiqué en 2015.
21 Arganiers ont été sélectionnés, pour évaluer la diversité morphologique et génétique de cette collection ex-situ âgée de 10 ans et promouvoir la culture de l’Arganier dans les régions les plus propices à son introduction future dans le bassin méditerranéen, dans un contexte de changement climatique.
Six caractères morphologiques et quatre caractères fruitiers permettent d’appréhender la diversité phénotypique des individus, regroupés en trois morphotypes à l’aide d’un dendrogramme obtenu en appliquant l'indice de similarité de Jaccard. Une Analyse des Correspondances Multiples est utilisée pour reconnaître les caractères associés à chaque morphotype.
La diversité génétique, qui permet l'évolution des espèces et donc leur adaptation, est mise en évidence à l’aide de six marqueurs microsatellites, classiquement utilisés pour les études génétiques de la structure des populations.
La méthode du maximum d'entropie, dite "MaxEnt", modélise la distribution spatiale potentielle de l’Arganier dans le bassin méditerranéen. Elle combine 96 points où l’espèce a été observée (données d’occurrence) et cinq variables climatiques pertinentes, tirées de la bibliographie, fournies par la base de données Worldclim.
Les résultats confirment le degré élevé de polymorphisme de l'Arganier aux niveaux génétique et morphologique, justifié non seulement par l'hétérogénéité de l'habitat, mais aussi probablement par le développement d'une stratégie cénotique de diversité en « i » (Blandin et al.1976) qui caractérise des populations capables de produire rapidement des individus génétiquement nouveaux.
Trois morphotypes différents ont été identifiés avec des caractères distinctifs en termes de port, de ramification, de taille, de forme et de couleur des feuilles et des fruits. Le morphotype I - arbres bien développés, à ramification dressée-épaisse, à feuilles fasciculées, de forme buxoïde ou oléoïde, de couleur vert clair, à fructification abondante et à fruit piriforme ou fusiforme jaune - pourrait être probablement très proche de l'idéotype souhaité par tout agriculteur.
De façon inattendue, la diversité génétique de cette collection ibérique est très représentative de la diversité de la population de l’Arganier dans son aire de répartition naturelle, car la distribution allélique est très efficace et le niveau d'hétérozygotie très proche de celui attendu.
Les scénarios du GIEC pour 2050 et 2080 indiquent que l’aire de distribution naturelle actuelle de l'Arganier sera considérablement réduite et se déplacera sur la rive nord du bassin méditerranéen (Péninsule Ibérique, Italie, Balkans et îles Tyrrhéniennes).
Réf. : Labarca‑Rojas Y., Hernández‑Bermejo JE. &· Francisca Herrera‑Molina F. et al. 2022 - Assessing argan tree (Argania spinosa (L.) skeels) ex‑situ collections as a complementary tool to in‑situ conservation and crop introduction in the Mediterranean basin. Trees. https://doi.org/10.1007/s00468-022-02367-0.
Posté par Jean-Paul Peltier.
Le massif Derraman, ensemble de reliefs granitiques d’environ 500 m d’altitude, est situé au NW d’Aousserd, S du Sahara atlantique. Le massif, riche de 104 espèces connues à ce jour, se singularise par la présence de nombreuses irradiations tropicales (Abutilon fruticosum, Boerhavia repens subsp. viscosa, Boscia senegalensis, Combretum aculeatum, Geigeria alata, Gisekia pharnaceoides, Grewia tenax, Hibiscus micranthus, etc.) qui témoignent d’échanges entre le monde méditerranéen et le monde tropical qui restent encore à décrypter.
La prospection de la région, après une saison de pluies favorables, doit continuer : elle permettra de faire d’autres découvertes et d’améliorer les connaissances biogéographiques de la région.
Réf. Garcin A., 2022- Nouveautés floristiques pour le Sahara atlantique, espèces afro-tropicales. Al Yasmina. https://alyasmina.org/alyasmina-2022/obs-sa.html
Posté par Jean-Paul Peltier.
Centaurea achilleifolia appartient à la section Melanoloma des Centaurea, où il se rapproche de Centaurea atlantis. Il possède, comme cette dernière, des bractées palmées et des akènes à pappus. Il en diffère par ses feuilles spectaculaires bipennatiséquées, qui rappellent certaines espèces d’Achillea et la petite taille de ses akènes.
Centaurea achilleifolia a été récolté dans le Moyen Atlas Oriental, sur le jbel Bou Naceur à 2750 m d’altitude.
Réf. Homrani Bakali A. & Susanna A., 2022 - Centaurea achilleifolia (Asteraceae), a new endemic species from the Oriental Middle Atlas of Morocco. Phytotaxa 542 (1): 083–089.
Posté par Jean-Paul Peltier.
Dernière modification le lundi 21 octobre 2024 à 16h00.